L'avenir de la création musicale, de son économie et de son industrie vu par l'IA #2
Deuxième volet de la restitution des conversations prospectives menées par @music_zone avec plusieurs grands modèles de langage sur l'avenir de la création musicale.
Intelligence artificielle (IA), interfaces cerveau-machine (ICM), métavers, blockchain et NFT, réalité virtuelle (VR) et augmentée (AR), biotechnologies… la convergence et le développement accéléré de ces technologies seront au cœur d’une disruption radicale du processus de création musicale, de l’économie de la musique et de son industrie à l’horizon 2035. C’est le scénario prospectif sur lequel se rejoignent les grands modèles de langage que @music_zone a interrogé sur le sujet.
Ce deuxième volet de la restitution de ces échanges porte sur l’évolution de l’économie de la musique. Le premier était consacré à celle de la création musicale proprement dite. Un troisième volet sera consacré l’évolution structurelle de l’industrie musicale. Toute ressemblance avec une hallucination collective serait fortuite et involontaire.
Une économie de la musique participative et décentralisée
En 2035, “l'économie musicale sera fortement décentralisée et personnalisée”, considère Deepseek.com, qui prédit une montée en puissance de la monétisation par tokens (ou jetons) non fongibles (NFTs) et des microtransactions: “les NFTs et les microtransactions seront au cœur de l'économie musicale. Les artistes pourront émettre des NFTs pour chaque œuvre musicale, offrant ainsi une preuve d'authenticité et de propriété. Ces NFTs pourront être fractionnés, permettant aux fans d'acheter des parts d'une chanson ou d'un album. Les microtransactions permettront également de rémunérer les artistes à l'écoute, avec des paiements instantanés via des contrats intelligents (smart contracts)”.
“Un fan pourra acquérir un NFT représentant 1% des royalties futures d'un morceau, créant ainsi un marché secondaire dynamique autour de la musique. De plus, les tokens pourront être utilisés pour accéder à des expériences exclusives, comme des concerts privés ou des collaborations avec l'artiste”, imagine Qwenlm. Selon le modèle de langage d’Alibaba, “grâce à la blockchain et au Web 3.0, les artistes n'auront plus besoin de passer par des labels ou des distributeurs traditionnels pour commercialiser leur musique. Des plateformes décentralisées comme Audius ou Opus permettront aux musiciens de vendre directement leurs œuvres aux consommateurs, tout en garantissant une transparence totale sur les revenus générés”.
Mistral.ai considère lui aussi que “les plateformes de streaming évolueront vers des modèles de propriété fractionnée. Les auditeurs pourront posséder une partie des droits des morceaux qu'ils écoutent. Les tokens numériques[…] permettront aux fans d'investir dans leurs artistes préférés et de bénéficier d'une part des revenus générés par leur musique. [Ils] seront plus investis dans le succès des artistes, créant une communauté plus engagée et fidèle. Les artistes bénéficieront de nouvelles sources de revenus grâce à la vente de tokens représentant des parts de leurs œuvres. La blockchain assurera une traçabilité et une transparence accrues dans la répartition des revenus, réduisant les fraudes et les inefficacités”.
“Les maisons de disques et distributeurs historiques disparaitront progressivement, remplacés par des plateformes autonomes de distribution musicale où chaque interaction avec un morceau (streaming, remix, sampling) génèrera une transaction immédiate et transparente”, projette de son côté ChatGPT.com, qui voit l’économie de la musique devenir pleinement participative: “En achetant des tokens, les fans influenceront les décisions artistiques, financeront directement la production de nouveaux morceaux et recevront une part des revenus générés par l'artiste. Ce modèle participatif transformera la gestion de carrière en une entreprise communautaire, où chaque décision (choix de collaboration, style musical, tournées virtuelles) sera prise collectivement par l’artiste et sa communauté de supporters”.
“L'économie de l'attention sera devenue un pilier de l'industrie musicale. Les fans seront récompensés pour leur engagement envers les artistes, via des tokens ou des points qu'ils pourront échanger contre des contenus exclusifs, des rencontres virtuelles avec les artistes, ou même des parts de revenus générés par les œuvres“, envisage Claude.ai. Le modèle de langage d’Anthropic prévoit également que “des organisations autonomes décentralisées (DAO) spécialisées dans la musique, qui gèreront la distribution des revenus, la gouvernance des droits, le financement de nouveaux projets et la certification des œuvres, seront devenues des acteurs majeurs de l'industrie”.
Impact majeur de l’intelligence artificielle
Selon Deepseek.com, “les compositions musicales générées par IA seront devenues une part importante du marché. Les droits d'auteur pour ces œuvres seront gérés automatiquement par des systèmes basés sur l'IA, qui identifieront et enregistreront chaque contribution humaine et algorithmique. Les revenus générés par ces œuvres seront distribués de manière transparente entre les créateurs humains et les développeurs d'IA. Une nouvelle catégorie d'œuvres musicales verra le jour, avec des modèles économiques adaptés à la collaboration entre humains et machines”.
“L'IA jouera un rôle central dans tous les aspects de la chaîne de valeur musicale, projette également Qwenlm.ai. Des outils génératifs seront capables de produire du contenu musical personnalisé, optimisé pour chaque auditeur. Les algorithmes généreront des morceaux adaptés aux préférences individuelles des auditeurs, réduisant le besoin de grandes productions studio. [Ils] ajusteront dynamiquement les morceaux en fonction de l'humeur, de l'environnement ou des activités de l'utilisateur. Les plateformes de streaming utiliseront l'IA pour proposer des playlists ultra-personnalisées, maximisant l'engagement des utilisateurs. Les entreprises pourront acheter des licences générées par IA pour des usages spécifiques (publicités, jeux vidéo), créant un nouveau flux de revenus automatisé”.
“Les plateformes de streaming vont évoluer pour offrir des expériences sur-mesure, avec des remixes automatiques personnalisés, une adaptation au rythme biologique de l'auditeur et une synchronisation avec son activité. Cette personnalisation va s'étendre jusqu'à l'optimisation émotionnelle, où la musique s'adaptera en temps réel à l'état d'esprit de l'auditeur”, extrapole Claude.ai, selon qui “des analytics avancés vont permettre de mieux prévoir les performances, d'identifier les tendances émergentes et de valoriser plus efficacement les catalogues. Le management de carrière des artistes va également bénéficier de l'IA, avec une planification optimisée des tournées, une gestion intelligente des communautés de fans et un développement stratégique des marques artistiques”.
“Cette transformation va donner naissance à de nouveaux modèles économiques, poursuit le LLM d’Anthropic. Des services basés sur l'IA vont émerger, proposant de la création musicale à la demande, des outils de personnalisation avancés et des plateformes de collaboration innovantes. La valorisation des données va devenir une source de revenus à part entière, avec la monétisation des insights sur les tendances musicales et le comportement des consommateurs. Les métiers du secteur vont également évoluer. De nouveaux rôles vont apparaître, comme les prompt engineers musicaux, les curateurs IA ou les architectes d'expérience musicale”.
Selon Qwenlm.ai, “les outils d'IA permettant aux artistes de générer des morceaux complets ou des éléments musicaux (mélodies, harmonies, rythmes) en quelques secondes vont avoir pour impact économique une réduction des coûts de production - moins besoin de studios coûteux -, une accessibilité accrue - des amateurs sans formation musicale formelle pourront créer des œuvres professionnelles -, et de générer de nouvelles sources de revenus - les entreprises vendant ces outils (ex. Amper Music, AIVA) captant une part croissante du marché”.
Qwenlm.ai projette également que “les fans paieront pour participer à la création d'une chanson avec un artiste via une plateforme IA”, que “les playlists hyper-personnalisées augmenteront le temps passé sur les plateformes, générant plus de revenus publicitaires”, que “les algorithmes permettront aux nouveaux talents de se faire connaître sans passer par les majors”, et que l’IA étant capable d’analyser les données des utilisateurs pour prédire les tendances musicales et optimiser les stratégies de promotion, elle va entraîner “une réduction des budgets marketing - les campagnes ciblées devenant plus efficaces et moins coûteuses - et une meilleure allocation des ressources - les labels n’investissant que dans les projets ayant le plus fort potentiel”.
Cette capacité de l’IA à analyser les données des fans permettra également aux artistes d’”identifier ceux prêts à soutenir financièrement un projet” et de bénéficier ainsi de nouvelles sources de financement participatif : “[Ils] collecteront des fonds sans passer par des plateformes centralisées. Les contributions seront gérées via des contrats intelligents, garantissant une redistribution équitable”.
Réalité virtuelle et immersion
Selon Mistral.ai, “les concerts en réalité virtuelle deviendront une norme, permettant aux artistes de se produire devant un public mondial sans les contraintes géographiques. Les expériences immersives, combinant musique et visuels en 3D, offriront des spectacles uniques et mémorables. Les coûts liés à l'organisation de tournées physiques seront réduits, augmentant la rentabilité des performances live. [Et] Les billets virtuels, les produits dérivés numériques et les partenariats avec des marques ouvriront de nouvelles opportunités de revenus”.
Le modèle de langage français anticipe également que “les artistes diversifieront leurs sources de revenus, réduisant leur dépendance aux ventes de musique et aux concerts, en explorant des partenariats stratégiques avec des marques, des plateformes de contenu et des créateurs de technologie, les collaborations interdisciplinaires devenant courantes, fusionnant musique, mode, cinéma et jeux vidéo et stimulant l'innovation et la créativité. Les marques investiront davantage dans la musique, voyant son potentiel pour engager les consommateurs et renforcer leur notoriété”.
“Les abonnements à la demande évolueront vers des modèles offrant des expériences musicales immersives, ajoute Deepseek.com. Les utilisateurs pourront s'abonner à des services de réalité virtuelle (VR) et de réalité augmentée (AR) qui leur permettront de participer à des concerts virtuels, d'interagir avec des artistes en temps réel, et de vivre des expériences musicales personnalisées. Ces abonnements incluront également l'accès à des contenus exclusifs, comme des versions alternatives de chansons ou des performances live enregistrées en VR. Ils constitueront une nouvelle source de revenus pour les artistes, basée sur des expériences immersives et interactives”.
Le modèle de langage chinois anticipe le développement d’“une économie de la création collective, où les artistes sont rémunérés en fonction de leur contribution à une œuvre”. Les collaborations musicales globales en temps réel devenant monnaie courante, grâce la connectivité ultra-rapide offerte par la 6G, “les artistes pourront travailler ensemble sur des projets musicaux, indépendamment de leur localisation géographique, poursuit-il. Ces collaborations seront facilitées par des plateformes décentralisées qui gèrent automatiquement les droits d'auteur et les royalties via des contrats intelligents”.
Pour Claude.ai, “l'avènement des technologies neuro-musicales provoquera un bouleversement radical de l'économie de la musique. L’industrie musicale se sera complètement réinventée autour de nouveaux modèles économiques, de nouvelles formes de valorisation et de nouveaux acteurs”, ce qui promet de signer la fin du streaming traditionnel : “Le modèle économique du streaming musical des années 2020 aura été rendu obsolète par l'émergence des "flux neuraux". Les plateformes traditionnelles auront été remplacées par des services de "neuro-streaming" qui permettront aux auditeurs de vivre une expérience musicale immersive directement connectée à leur système nerveux”.
Selon lui, “un nouveau cadre juridique international régira la protection des données neuro-créatives, les droits d'auteur neurologiques, la certification des expériences neuro-musicales [et] la régulation des marchés de Neuro-NFT”. Et des mécanismes de protection spécifiques seront été mis en place pour l’”assurance contre le vol de patterns neuronaux, la protection des signatures cérébrales uniques et la garantie de rémunération basée sur l'impact émotionnel”. Enfin, “le secteur aura vu l'émergence d'une économie collaborative basée sur le partage de ressources neuro-créatives, la cocréation neuronale, les communautés de pratique et les plateformes d'apprentissage pair-à-pair”.
Une marché de 100 à 285 milliards de dollars en 2035
“En prenant en compte les évolutions technologiques disruptives que nous avons anticipées, le marché de la musique connaîtra une croissance significative d’ici à 2035, mais avec une redistribution des revenus entre ses différents segments”, pronostique ChatGPT.com, qui estime que les seuls revenus de la musique enregistrée atteindront entre 80 et 100 milliards de dollars à cette échéance (76 à 95 Md€). Cependant, “les majors et intermédiaires traditionnels perdront une part de marché au profit des plateformes décentralisées et des créateurs indépendants”.
Avec le développement des concerts virtuels, du ticketing blockchain et des expériences XR immersives, le marché du “spectacle vivant” devrait peser quant à lui entre 60 et 80 milliards de dollars dans dix ans (57 à 76 Md€#), estime t-il. L’automatisation de la gestion des royalties via les smart contracts et les NFT, ainsi que les nouveaux moyens de monétisation décentralisée, porteront les perceptions de droits d’auteur à hauteur de 40 à 50 milliards de dollars (38 à 47 Md€). Quant au marché émergent lié aux expériences immersives et à la musique dynamique, il atteindra 50 à 70 milliards de dollars (47 à 66 Md€), projette t-il, soit un marché global de la musique de 230 à 300 milliards de dollars en 2035 (220 à 285 Md€) selon le modèle d’OpenAI.
Les autres modèles de langage interrogés restent beaucoup plus prudents dans leurs prévisions. Mistral.ai, qui est le moins disant, croît encore que “la croissance continue des plateformes de streaming et l'augmentation du nombre d'abonnés pourraient doubler les revenus de la musique enregistrée” d’ici à 2035, et estime que “les modèles basés sur la blockchain et les tokens numériques augmenteront ses revenus de 30 % à 50 %”, ce qui porterait le poids du marché de la musique enregistrée entre 45 et 60 milliards d’euros en 2035. La fréquentation des concerts virtuels pourrait augmenter les revenus du spectacle vivant de 20 à 30%, estime le modèle français, et l’expansion des tournées internationales vers les marchés émergents de 20 à 40%, ce qui porterait se revenus globaux entre 24 et 32 milliards d’euros.
“L'utilisation de la blockchain pour la gestion des droits d'auteur pourrait réduire les inefficacités et augmenter leur montant de 20 à 30%”, estime t-il, et “l'augmentation des utilisations de la musique dans les médias, les jeux vidéo et les contenus en ligne pourrait ajouter 10 à 20% supplémentaires”, ce qui porterait le montant global des perceptions de droits d’auteur entre 18 et 24 millions d'euros en 2035. Partenariats stratégiques, produits dérivés et merchandising ajouteront 15 à 30 milliards d’euros dans le corbeille. “En tenant compte de ces estimations, le poids total du marché de la musique en 2035 pourrait atteindre entre 102 et 146 millions d'euros”, conclut Mistral.ai.
En additionnant tous les segments - 45 milliards pour la musique enregistrée, 35 milliards pour le spectacle vivant, 21 milliards de droits d’auteur, 10 milliards pour les NFT et la tokenisation, 9 milliards pour les expériences sensorielles, et 5 milliards pour les interfaces cerveau-machine - “le marché mondial de la musique atteindra environ 125 milliards d'euros en 2035, soit près du double de sa valeur en 2025”, estime pour sa part Qwenlm.ai. Il devrait atteindre environ 115 milliards d'euros selon Deepseek.com. Claude.ai, qui anticipe un déclin relatif du streaming, des droits d’auteurs et des formats traditionnels, mais table sur un fort développement de toutes les expériences neuro-musicales (neuro-streaming premium, spectacles traditionnels augmentés, expériences collectives neuro-musicales), atteint le chiffre de 180 milliards d’euros.
“Cette croissance représente un taux annuel moyen de 10,7%, soutenu par la révolution neuro-technologique et l'émergence de nouveaux modèles économique”, argumente le modèle américain. Quelques soient les fourchettes de progression considérées, tous les modèles de langage tablent sur un forte croissance du marché global de la musique à l’horizon 2035, tirée par l’émergence de nouveaux segments de marché à forte valeur ajoutée, la transformation des modèles de consommation et de monétisation, et une diversification des usages et applications. “Les artistes, les labels, et les plateformes de distribution devront s'adapter à ces changements pour capter les nouvelles opportunités de revenus et maintenir leur compétitivité dans un marché en pleine expansion”, conclut Deepseek.com.