Une valeur ajoutée de la musique en forte hausse en France
Musique live et musique enregistrée confondues, la valeur ajoutée directe de la musique en France a progressé de 50 % entre 2019 et 2024 selon EY, et pourrait progresser d'autant d'ici à 2030.
Musique live et musique enregistrée confondues, la valeur ajoutée directe de la musique en France - qui correspond au chiffre d’affaires brut diminué des achats de biens et services nécessaires à la production1 - a progressé de 50 % entre 2019 et 2024, selon le dernier Panorama des industries culturelles et créatives 2025 de EY rendu public à l’occasion de la France Music Week2, pour atteindre 2,8 milliards d’euros.
Cette croissance soutenue, quatorze fois supérieure à celle du PIB français sur la période, laquelle n’a été que de 4 %, a été de 59 % pour la musique enregistrée, à 923 millions d’euros en 2024, contre 586 millions en 2019, et de 41,6 % pour la musique live, à 1,7 milliard d’euros en 2024, contre 1,2 milliard en 2019.
Les 120 acteurs de la filière interrogés par EY tablent sur une croissance annuelle moyenne de la valeur ajoutée du secteur de 8,2 % sur la période 2025-2030, “tirée par le développement du modèle de la diffusion digitale de musique enregistrée à laquelle correspond une forte augmentation de la demande pour le spectacle vivant musical”. Les entreprises du live sont légèrement plus optimistes et envisagent une croissance de 9,1% par an, contre 7,1% dans la musique enregistrée.
“Les entreprises de la musique live valorisent davantage la hausse du revenu par client (43% des répondants) ou les changements d’habitudes de consommation […] (18% des répondants), tandis que les entreprises de la musique enregistrée se focalisent sur la diversification des contenus et services (55% des répondants)”, détaille EY.
“La filière de la musique sollicite un grand nombre de prestataires et fournisseurs et génère un effet d’entraînement quasiment équivalent à sa valeur sur le reste de l’économie française”, relève par ailleurs le cabinet d’études, qui estime à 0,91€ la valeur ajoutée indirecte et induite qu’elle créée pour chaque euro de valeur ajoutée directe. Un niveau inférieur à celui de l’audiovisuel (1,55 €) ou de la pharmacie (1,18 €) mais supérieur à celui de la restauration (0,67 €) ou du cinéma (0,84 €).
En se fondant sur les tendances observées à l’échelle mondiale, la valeur ajoutée de la filière pourrait encore croître d’environ 50 % d’ici 2030, pour atteindre 4 milliards d’euros à cette échéance, estime l’étude. Cette croissance serait davantage portée par le secteur de la musique live (+7,2 % par an en moyenne sur la période 2024 - 2030, dont une croissance de 10 % entre 2024 et 2025), du fait d’une augmentation du nombre de tournées et d’une demande qui resterait importante.
Le secteur de la musique enregistrée devrait également voir sa valeur ajoutée continuer à croître (de +6,2 % par an en moyenne sur la période 2024-2030), estiment les auteurs, qui font le pari d’une amélioration du taux de pénétration du streaming et d’une hausse du tarif des abonnements.
EY fait par ailleurs le constat que la filière musicale française est de plus en plus internationale, avec une part des exportations de 16 % dans son chiffre d’affaires (29 % pour la musique enregistrée et 6 % dans la musique live). “Entre 2019 et 2024, le chiffre d’affaires à l’export de la filière de la musique en France a augmenté de 44%, indiquent les auteurs. Une croissance “principalement porté par le secteur de la musique enregistrée”.
Le panorama de EY ne fait cependant pas l’impasse sur les enjeux économiques, territoriaux et climatiques auquels doit faire face la filière musicale française : augmentation des coûts de production, risque climatique et forte concentration géographique dans le cas de la musique live ; absence de consensus sur les modèles de rémunération du streaming, concentration du marché, et impact de l’intelligence artificielle sur son économie pour la musique enregistrée.
Dans la musique enregistrée, la part de ces achats de biens et services ressort à environ 10% du CA brut.