Spotify fait le ménage dans la longue traine

A compter du 1er janvier 2024, les titres ayant enregistré moins de 1000 écoutes au cours de l’année écoulée ne seront plus monétisés, a annoncé la compagnie, qui se sépare de 1500 employés.

La croissance du nombre de titres de musique postés chaque jour sur les plateformes d’écoute à la demande est devenue exponentielle, en provenance des principaux ayants droit (majors et labels indépendants), mais aussi de millions d’artistes (ou faux artistes) dont la musique n’enregistre qu’un très faible pourcentage des écoutes. Une longue traine dans le lard de laquelle Spotify a décidé de trancher résolument. A compter du 1er janvier 2024, a annoncé la compagnie¹, les titres ayant enregistré moins de 1000 écoutes au cours de l’année écoulée ne seront plus monétisés.

La mesure permettra de dégager une enveloppe d’”environ un milliard de dollars […] au cours des cinq prochaines années”, indique Spotify, qui seront répartis aux artistes émergents et professionnels dont les chansons dépassent le seuil fixé. Sur les 100 millions de titres présents sur la plateforme fin 2022, ils n’étaient que 37,5 millions (un gros tiers du catalogue) à avoir franchi le cap des 1000 écoutes depuis leur mise à disposition, selon les statistiques fournies par Spotify sur son site Loud&Clear². Ils sont 61,5 millions à avoir enregistré 200 écoutes ou plus, soit 24 millions à se situer entre 200 et 1000 écoutes. Une douzaine de millions de titres se situe entre 100 et 200 écoutes.

Les deux-tiers du catalogue démonétisés

Ainsi, ce sont au moins les deux-tiers du catalogue de la plateforme qui devraient être affectés par cette mesure, décidée de manière unilatérale et sans concertation. “La moitié de notre catalogue se situera probablement en dessous du minimum”, estime Damon Krukowski³, membre du duo de folk psychédélique américain Damon and Naomi, qui compte 4281 auditeurs mensuels sur Spotify. Certains titres du groupe de rock alternatif Galaxie 500, dont il fut également le batteur, parce qu’ils sont entrés en playlists ou sont mis en avant par les algorithmes de recommandation de la plateforme, atteignent allègrement 150 000 écoutes par mois, confie t-il, mais les autres peinent à générer 100 écoutes mensuelles. Et la plupart risque d’être démonétisée.