NFT, l'exemple du billet de concert
L'émission de billets de concert sous forme de NFT sur une blockchain permet de concevoir de nouvelles propositions de valeur et de reprendre le contrôle du second marché de la billetterie.
Les NFT (Non Fungible Tokens), dont la folie semble gagner l’industrie de la musique, sont des rejetons électroniques de la crypto-monnaie Bitcoin1 : des actifs virtuels émis sur une blockchain - ou “frappés” (minted), comme on frappe une pièce de monnaie. Contrairement aux bitcoins, ou à d’autres jetons de crypto-monnaies, ils ne sont pas fongibles, c’est à dire interchangeables les uns avec les autres ; mais ils peuvent être échangés directement entre particuliers sur des places de marché électroniques, c’est à dire revendus, dans un environnement numérique chiffré et parfaitement sécurisé.
Les NFT n’ont d’autre réalité qu’une adresse composée de chiffres et de lettres stockée dans un portefeuille électronique. Cette adresse constitue un titre de propriété pouvant être associé, via des métadonnées, à un bien ou un actif quelconque, qu’il soit virtuel ou non. Etant enregistré dans une base de données distribuée et décentralisée (une blockchain), ce titre de propriété ne peut souffrir aucune contestation. Les biens associés à des NFT - leur collatéral, ce sur quoi se fonde leur valeur - peuvent être très variés. Il peut s’agir d’oeuvres d’art ou d’objets de collection, de parcelles de terrain ou de propriétés foncières dans un métavers, de nouveaux pouvoirs dans un jeu vidéo en réseau, de noms de domaine, etc.
L’exemple le plus parlant de NFT dans le secteur de la musique est celui du billet de concert émis sur une blockchain. On parlera en l’occurence de “NFT utilitaire”, ce qui n’est pas le genre le plus courant. Promesse de vivre une expérience particulière en assistant au concert de l’artiste, ce billet électronique peut être assorti de conditions préférentielles (accès VIP, rencontre backstage, etc.) pouvant renforcer sa rareté et justifier sa vente aux enchères. Parmi les crypto-actifs vendus aux enchères par le groupe de rock américain Kings of Leon sur la plateforme YellowHeart, en mars 2021, figuraient plusieurs billets de concert à vie permettant d’assister à tous leurs futurs concerts.
De nouveaux scénarios à écrire
La durée de vie d’un billet de concert en tant que NFT, outre qu’il peut constituer lui-même un objet de collection et être revendu comme tel, peut être prolongée au delà de la date du spectacle, s’il inclut par exemple un droit d’accès inaliénable à l’archive vidéo de sa captation ou à tout autre contenu exclusif, ainsi que des bons de réduction pour tout achat ultérieur du vinyl, d’articles de merchandising ou d’autres billets de concert de l’artiste. Sur le versant B2C, l’émission de billets de concerts sous forme de NFT permet ainsi d’élaborer de nouvelles propositions de valeur tout à fait innovantes, dont la plupart des scénarios reste encore à écrire.
Elle offre également aux producteurs de spectacles, sur le versant B2B, la possibilité de reprendre le contrôle du second marché de la billetterie - les billets ne pouvant être revendus qu’en tant que NFT sur la blockchain où ils ont été émis, selon les règles fixées par l’émetteur dans un contrat autocertifié, dont le code s’exécutera automatiquement lors de la transaction : pour faire respecter le prix facial fixé ou encadrer la réalisation éventuelle d’une plus-value - en limitant le cas échéant son montant, ou en fixant une clé de répartition automatique du bénéfice entre le revendeur, le producteur du spectacle et l’artiste2.
L’émission de billets de concert sous forme de NFT sur une blockchain offre d’autres avantages, comme la possibilité de mettre en œuvre leur tarification dynamique (yield management), de certifier à tout moment leur intégrité et leur validité, ou d’effectuer un contrôle nominal lors de l’accès, c’est à dire de vérifier l’identité du porteur sans nécessiter la présentation d’une pièce d’identité, en faisant notamment appel à des technologies de reconnaissance faciale3, comme celles utilisées lors des procédures de KYC (Know Your Costumer) de certains services bancaires et financiers offerts en ligne ou des plateformes d’échange de crypto-monnaies.
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Bien que déjà en vente, les 75 000 billets du concert qu’Ed Sheeram doit donner au Stade de France le 29 juillet 2022 ne pourront pas faire l’objet de reventes spéculatives sur les plateformes dédiées comme Viagogo. L’artiste a en effet décidé de tester une solution de billetterie s’appuyant sur une blockchain. Achetés via une application mobile, les billets génèrent un QR code dynamique qui change de temps en temps. Il ne peuvent pas faire l'objet d'une capture d'écran et être revendus à plusieurs personnes, le bon QR code devant s’afficher au moment de l'admission. Ils ne peuvent être revendus que par le biais du compte Stade de France du client dans des conditions fixées en amont.
Des portails ou sas de reconnaissance faciale, qui peuvent être installés à l’entrée des salles de concert, sont déjà testés dans les aéroports pour automatiser et fluidifier le contrôle des passagers lors de l’embarquement ou du passage de frontières.