L'IA menace de capter un quart des revenus des auteurs-compositeurs
Le taux de cannibalisation des sources de revenus des créateurs de musique par l’IA générative sera de 24 % en 2028, projette une étude de la CISAC, soit un manque à gagner de €4 milliards.
L’IA musicale générative pourrait capter près du quart (24 %) des revenus des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique collectés par les sociétés de gestion collectives dans le monde en 2028, estime une étude conjointe de la CISAC (Confédération internationale des sociétés d’auteurs-compositeurs) et du cabinet de conseil PMP Strategy1, soit un manque à gagner de €4 milliards pour les créateurs de musique en 2028, et une perte cumulée de €10 milliards au cours des cinq ans à venir.
Le taux de cannibalisation des sources de revenus des créateurs de musique par l’IA musicale générative sera de 30 % dans le numérique en 2028, projettent les auteurs - du fait de sa pénétration sur les réseaux sociaux, dans les contenus audiovisuels diffusés en streaming, sur les plateformes de streaming musical traditionnelles, et dans les jeux vidéos. Ce taux de cannibalisation sera de 22 % dans les médias (radio et télévision) et d’autant dans les lieux sonorisés, estiment-ils.
Selon eux, la pénétration des musiques générées par l’IA dans la catalogue des plateformes de streaming musical traditionnelles, qu’elles aient été produites par les utilisateurs ou les plateformes elles-mêmes, qui peuvent par ce biais réduire le coût de leur revenus, sera alors de 20%.
Sur un marché de détail du streaming musical projeté à €57 milliards en 2028, la part de revenus captée par les musiques générés par l’IA au dépend de celles crées par des humains sur les plateformes traditionnelles devrait être de 18 %, soit un peu plus de €10 milliards, et celle captée par de nouvelles plateformes entièrement alimentées par l’IA, que pourraient lancer des acteurs comme Suno ou Udio, de l’ordre de 3 %, soit €1,4 milliard.
Sur ce segment de marché particulier, qui est leur source de revenus la plus importante - 38,5 % des perceptions de droits d’auteurs de la musique dans le monde en 2023, selon la CISAC, à hauteur de €4,52 milliards, contre 28,7 % pour la radio et la télévision -, le manque à gagner des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique pourrait être de l’ordre de €900 millions en 2028, et devrait atteindre un montant cumulé de €2,3 milliards au cours des cinq ans à venir. De 8,2 % du marché de détail global du streaming musical en 2023, leur part du gateau ne sera plus que de 6,4 % en 2028.
Le taux de pénétration des musiques générées par l’IA devrait être encore plus important dans le secteur de la librairie musicale (musiques conçues pour l’image), dont elles devraient capter 57 % des revenus. Les auteurs de l’étude estiment que le marché de la musique générée par l’IA devrait atteindre €16 milliards en 2028, et un montant cumulé de €40 milliards sur les cinq ans à venir. Les revenus des fournisseurs de services, logiciels ou solutions d’IA musicale générative sont projetés à hauteur de €4 milliards en 2028, avec un total cumulé de €8 milliards sur les cinq ans à venir.
Lire également :
Global economic study shows human creators’ future at risk from generative AI, CISAC, 2 décembre 2024