Les télégrammes de @music_zone #12
PPL - SoundExchange - Vinyl - Inde - Warner Music - Youtube - Rémunération équitable - Fraude - Algorithmes - Abonnement - Spatial Audio - Anthropic - EU IA Act.
La société de gestion collective britannique PPL, qui collecte les droits voisins des artistes et labels anglais en provenance des médias et des lieux sonorisés, leur a réparti 279,6 millions de livres sterling (326,7 M€) en 2023, chiffre en hausse de 14,3 % sur an et le plus élevé de son histoire. En France, la société civile de producteurs SPPF a réparti 31,5 millions d’euros en 2023 (+ 9,7 % sur un an) et sa consoeur SCPP, 67,9 millions d’euros (- 4 %). Ni l’Adami, ni la Spedidam, qui gèrent les droits voisins des artistes-interprètes, n’ont encore publiés leurs chiffres pour 2023.
L’organisme américain SoundExchange, qui perçoit les revenus de 650 000 artistes-interprètes et labels en provenance des webradios, des radios semi-interactives et des radios par satellite aux Etats-Unis, leur a réparti 250 millions de dollars au 4ième trimestre 2023 et 1 milliard de dollars sur l’ensemble de l’année (+ 4,3 % sur un an). Ses répartitions se sont élevées à 229 millions de dollars au 1er trimestre, à 269 millions de dollars au second, et à 257 millions de dollars au 3ième. Depuis sa création il y a 20 ans, le montant cumulé des répartitions de SoundExchange s’élève à 10 milliards de dollars.
Selon une étude du cabinet américain Research And Markets, le marché mondial du vinyl, qui a pesé 1,7 milliard de dollars en 2022, devrait atteindre 2,8 milliards de dollars à l’horizon 2028. Son taux de croissance annuel moyen (CAGR) devrait être de 9,4 % au cours de la période 2023 à 2028. “Les disques vinyles connaissent un regain de popularité auprès des collectionneurs de musique et des artistes contemporains, ce qui en fait un support de plus en plus apprécié pour la production musicale”, commentent les auteurs.
Le dernier rapport Year-End Music Industry 2023 de Luminate (ex-Soundscan)1 révèle que l'Inde est le pays qui a connu la plus forte augmentation du nombre total d’écoutes de musique à la demande (audio et vidéo) l’an dernier, pour atteindre 1037 milliards de streams, avec une hausse de 80,6 % en volume (+ 463 milliards) par rapport à 2022. La part de marché de la musique chantée en hindi dans le Top 10 000 des titres les plus écoutés dans le monde a plus que doublé entre 2021 (3,8 %) et 2023 (7,8 %). Dans le même temps, la part des titres chantés en anglais est passée de 67 % à 54,9 %. En volume, l’Inde était l’an dernier le 2ième marché mondial du streaming derrière les Etats-Unis, et pourrait devenir le premier dès 2024.
Le bilan financier de la major de la musique Warner Music pour le 4ième trimestre 20232, le premier de son nouvel exercice fiscal, fait état d’un croissance de ses revenus de 17 % sur un an, à hauteur de 1,74 milliard de dollars, et d’un bénéfice net de 193 millions de dollars, en hausse de 56 % sur un an. Le taux de croissance de ses revenus dans la musique enregistrée a été de 17 %, et de 22 % dans l’édition musicale. Ses revenus en provenance du streaming ont progressé de 16,6 %. “L'augmentation du chiffre d'affaires au cours du trimestre est également due à la croissance des licences et des ventes physiques”, indique la compagnie.
Selon les résultats financiers publiés par sa maison mère Alphabet3, Les revenus publicitaires de Youtube ont atteint 9,2 milliards de dollars au 4ième trimestre 2023, en progression de 15,3 % sur un an. Ils avaient accusé une baisse de 7,8 % en 2022 sur la même période. “YouTube Music et Youtube Premium ont le vent en poupe […] et sont très rentables pour l'industrie de la musique et les créateurs”, a par ailleurs indiqué la compagnie. Les deux services ont franchi la barre des 100 millions d’abonnés à eux deux, a confié sur son blog le vice-président de Youtube Adam Smith. Midia Research crédite Youtube Music de près de 70 millions d’abonnés.
Un rapport du Bureau du copyright britannique4 étudiant ce que serait l’impact de la mise en place d’une rémunération équitable du streaming musical, comparable à celle en vigueur pour la radio et la télévision, conclut qu’elle pourrait affaiblir la position des labels dans leurs négociations avec les plateformes, et miner leur "capacité à investir de manière significative dans le développement de nouveaux talents". Les consultations du gouvernement et du parlement britanniques sur une régulation de l’économie du streaming musical se poursuivent outre-Manche, où la question n’est toujours pas tranchée.
Le procès d’un homme de 53 ans accusé d’avoir frauduleusement généré 4,38 millions de couronnes suédoises de revenus (plus de 600 K€) sur les plateformes de streaming entre 2013 et 2019 s’est ouvert au Danemark. C’est le nombre d’écoutes générées par les 689 pistes de musique qu’il avait mises en ligne, dont certaines étaient des titres du commerce qu’il s’était appropriés, qui a éveillé les soupçons de fraude et motivé une enquête de la National Unit for Special Crime danoise. Son avocat a déjà fait part de sa volonté de faire appel du jugement qui sera rendu.
Selon une étude publiée par l’agence parisienne Your Music Marketing5, qui tente de mesurer le poids des algorithmes dans la consommation de musique en s’appuyant sur l’analyse de 25,3 milliards d’écoutes enregistrées sur Spotify par un échantillon de 317 artistes multi-genres depuis 2015, 60,7 % de ces écoutes étaient actives, contre 34,3 % qui étaient programmées. Les radios ont pesé 36 % des écoutes programmées (12 % du total), contre 25 % pour les playlists algorithmiques hors radio (8 % du total), et 11 % pour les playlists éditoriales (4 % du total).
Spotify continue de dominer le marché mondial du streaming musical sur abonnement avec une part de marché de 31,7 % en nombre d’abonnés, selon les données publiées par Midia Research6, devant le chinois Tencent Music (14,4 %), Apple Music (12,6%) et Amazon Music (11,1 %). Youtube Music (9,7 %) se classe en 5ième position devant le chinois Netease (6,1 %) et le russe Yandex (3,4 %). Avec 9,3 millions d’abonnés, sur un total de 713,4 millions dans le monde à la fin du 3ième trimestre 2023 (+ 14,4 % sur un an), la part de marché du français Deezer n’est plus que de 1,3 %.
La décision d’Apple Music de mieux rémunérer les écoutes de titres au format Spatial Audio sur sa plateforme, avec une bonification de 10 % des royalties reversées, suscite la colère des labels indépendants, qui ont moins de moyens que les majors de la musique d’investir dans la migration vers ce nouveau format audio de meilleure qualité, laquelle exige notamment de remixer le catalogue déjà existant. “Le ‘pot commun’ des redevances étant limité, cette augmentation se traduira inévitablement par une diminution des revenus pour ceux qui ne peuvent pas y accéder, à commencer par les indépendants”, dénoncent l’UPFI et l’IMPALA dans un communiqué7.
Faute d’obtenir un accord satisfaisant avec Tiktok concernant la rémunération de ses artistes lorsque leur musique est utilisée dans les courtes vidéos qu’il diffuse, la major de la musique Universal Music s’est engagé dans un bras de fer avec le réseau social propriété du groupe chinois Bytedance, dont elle a décidé de retirer progressivement son catalogue. Tiktok est parvenu à un accord avec Sony Music fin 2022, et avec Warner Music et l’organisme Merlin courant 2023. Les premiers accords temporaires signés précédemment avec Tiktok avaient un caractère forfaitaire. La nature des nouveaux accords négociés reste pour l’heure confidentielle.
La firme américaine Anthropic, basée dans le Tennessee, qui a développé le chatbot Claude, concurrent de ChatGPT (OpenAI), fait l’objet d’une nouvelle plainte des éditeurs de musique Universal Music Publishing, ABKCO et Concord Music Group, qui l’accusent de reproduire sans autorisation les paroles de chansons dont ils détiennent les droits en réponse aux prompts de ses utilisateurs. Une première plainte avait été déposée en octobre dernier contre la compagnie pour avoir entraîné son modèle de langage avec des corpus de textes aspirés sur Internet incluant les paroles de chansons de leur répertoire, sans avoir obtenu leur aval en amont.
Les Etats membres de l’Union européenne ont approuvé le projet de directive EU IA Act visant à réglementer le développement et les usages de l'intelligence artificielle en Europe8. En matière d’IA générative, le texte prévoit notamment l’obligation, pour les entreprises du secteur, de respecter la législation européenne sur le droit d'auteur ; d’être transparentes sur les contenus utilisés pour entraîner leurs modèles ; et de produire et conserver une documentation technique détaillée sur la manière dont ces modèles ont été entraînés. Le projet de directive, que la France a fini par signer après avoir tenté d’en limiter les dispositions, doit encore être ratifié par le Parlement européen.
@music_zone a besoin du soutien de ses lecteurs pour exister et se développer. Si ce n’est déjà fait, abonnez-vous à l'édition premium, et accédez à l’intégralité des articles et des archives !
2023 Year-End Music Report, Luminate, janvier 2024
The potential economic impact of ER on performers and the music market in the UK, Intellectual Property Office, février 2024
Comment les algorithmes de Spotify révolutionnent-ils la consommation de musique, Your Music Marketing, février 2024
Music subscriber market shares 2023: New momentum, Midia Research, février 2024
Quand le Spatial Audio conditionne le niveau de rémunération, UPFI/IMPALA, février 2024