Le modèle économique des festivals de musique fragilisé
Le Syndicat des Musiques Actuelles (SMA) et le CNM (Centre National de la Musique) dressent tous les deux un constat alarmant sur la fragilité financière des festivals de musique en France.
Deux rapports récents, l'un du Syndicat des Musiques Actuelles (SMA)1, l'autre du Centre National de la Musique (CNM) et du Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS)2, mettent en lumière la fragilité du modèle économique des festivals de musique en France. Malgré une fréquentation encourageante, avec un taux de remplissage moyen de 78% et une fréquentation moyenne de 8 181 festivaliers par événement en 2024, selon le CNM et le DEPS, les difficultés s'accumulent pour les organisateurs, la hausse généralisée des coûts constituant pour eux un défi majeur.
L'inflation impacte tous les postes de dépenses, des frais techniques aux cachets des artistes, en passant par la sécurité et les frais administratifs. Près de 80% des organisateurs de festivals membres du SMA font état d'une augmentation des dépenses techniques par rapport à l'édition précédente, suivies des dépenses artistiques (pour 69% des répondants) et de sécurité (pour 68%). Un constat confirmé par le CNM et le DEPS, qui font état d’une hausse des dépenses techniques pour 58% des festivals, artistiques pour 53%, et de sécurité pour 44%.
Ni la billetterie - en hausse pour 41% des festivals mais en baisse pour 27% d’entre eux, selon le CNM et le DEPS, tandis qu’elles restent stables pour 17% -, ni les autres sources de financement, comme le mécénat, les subventions et la restauration, qui affichent des évolutions contrastés, ne permettent de compenser cette hausse des coûts. La moitié des festivals adhérents au SMA présente un bilan déficitaire pour l'édition 2024, avec un déficit moyen de 75 000€ - même les festivals affichant un taux de remplissage supérieur à 90% étant touchés par les difficultés financières, selon le syndicat, 44% d'entre eux étant déficitaires.
Les aléas climatiques (37% des festivals en ont subi en 2024 selon le SMA, tels que des fortes précipitations, des orages ou des températures extrêmes) et les nouvelles complexités administratives (réglementation sonore, ensembles démontables...) ajoutent une pression supplémentaire sur les organisateurs. 14% des festivals membres du SMA interrogés ne sont pas certains de pouvoir organiser une prochaine édition, les organisateurs envisageant des changements de fréquence (une édition tous les deux ans) ou de format pour s'adapter.
Les deux études dressent un constat alarmant sur la situation financière des festivals en France, le SMA pointant du doigt la concurrence accrue qu’ils subissent de la part des salles de grande jauge (Zéniths, Arenas, stades). A ce bilan alarmant s’ajoutent les inquiétudes liées aux coupes budgétaires envisagées dans le nouveau projet de loi de finances du gouvernement, lesquelles devraient affecter particulièrement le secteur culturel, à hauteur de 200 millions d’euros en ce qui concerne le budget du ministère de la Culture. La pression mise sur les dépenses des collectivités locales pourrait également avoir des répercussions notables sur l'économie des festivals.