La marge de progression de l'abonnement reste importante en France
L'abonnement a été le principal moteur de la croissance du marché français de la musique au premier semestre 2024. Les ventes physiques, qui pèsent toujours 20 % du marché, ont renoué avec la baisse.
De 279 millions d’euros au 1er semestre 2020, le chiffre d’affaires de gros de l’industrie phonographique française est passé à 415 millions d’euros sur la même période en 2024 (hors droits voisins et synchronisation), soit une progression de 50 % dans l’intervalle, selon le dernier bilan semestriel publié par le SNEP (Syndicat national des éditeurs phonographiques)1, qui se félicite du dynamisme du marché français depuis cinq ans. Les six premiers mois de l’année ne pesant en moyenne que de 40% des ventes de musique enregistrée, selon le syndicat, le marché de gros français pourrait atteindre le milliard d’euros en 2024.
La croissance des revenus de l’abonnement à des services de streaming musical, de 11,3 % sur un an au 1er semestre, a été le principal moteur de celle du marché global, qui s’affiche en hause de 5,9 % par rapport à la même période en 2023. “Nous constatons des résultats encourageants mais ils devraient être meilleurs, en particulier ceux des abonnements aux services de streaming, au regard du chemin qu’il reste à parcourir pour atteindre un niveau de maturité satisfaisant”, relativise le directeur général du SNEP Alexandre Lasch.
Dans un pays où son taux de pénétration n’est que de 16 % de la population des internautes, contre 17,5 % en Allemagne, 26,5 % au Royaume Uni et 30,1 % aux Etats-Unis, la marge de progression de l’abonnement reste importante en France. Mais même si sa croissance s’est légèrement accélérée au 1er semestre 2024 - elle n’avait été que de 9,2 % sur l’ensemble de l’année 2023 -, elle ne donne pas encore pleinement satisfaction.
“Avec 12 millions de comptes payants et environ 17 millions d’utilisateurs (en incluant les offres duos et familles), le streaming par abonnement gagne tout juste un million d’unités chaque année depuis 3 ans […] : un score bien en-dessous de celui […] que l’on observe sur les grands marchés de la musique enregistrée”, regrettait déjà le SNEP dans son dernier bilan annuel2. A titre de comparaison, la croissance des revenus de l’abonnement a été de 12,7 % en Allemagne au 1er semestre, de 18 % en Espagne, de 23 % en Italie, et de 28,4 % au Brésil.
“L’un de nos principaux enjeux de progression est la fidélisation du public jeune, nous avons donc besoin de redéfinir avec les pouvoirs publics la place de l’abonnement streaming au sein du Pass Culture”, plaide Alexandre Lasch. En la matière, le numéro un du secteur, Spotify, n’est pas inclus dans le dispositif, Deezer étant la seule alternative disponible, avec un offre premium de 3 mois que les moins de 18 ans n’ont les moyens de souscrire qu’une ou deux fois dans l’année, au vu du crédit qui leur est alloué.
L’abonnement a pesé 62 % des ventes de gros de musique enregistrée en France au 1er semestre 2024, soit un peu plus de 257 millions d’euros selon nos calculs, et les revenus publicitaires du streaming, en croissance de 6,1% sur un an pour l’audio et de 5,1 % pour la vidéo, seulement 17 %. Le montant des ventes de vinyls, dont la progression s’est stabilisée (+ 0,2 % sur un an), a dépassé pour la première fois depuis les années 80 celui des ventes de CD, en recul de 13 %. Le marché physique, qui pèse toujours 20 % des ventes en valeur, a reculé de 6,8 % par rapport au 1er semestre 2023.
Lire également :
Musique enregistrée, bilan du 1er semestre 2024, SNEP, 19 septembre 2024
La production musicale française en 2023, SNEP, 12 mars 2024