Economie du streaming : vers la fin du statu quo

En appelant à la construction d'un nouveau modèle économique du streaming musical plus "artist-centric", le patron d'Universal Music, Lucian Grainge, a ouvert la boîte de Pandore de sa réforme.

“Le modèle économique du streaming doit évoluer”, écrit le patron d’Universal Music, Lucian Grainge, dans sa traditionelle lettre de voeux au personnel de la maison de disques.

En évoquant une nécessaire évolution de l’actuel modèle économique du streaming musical, dans sa traditionnelle lettre de voeux adressée au personnel de la maison de disques, le PDG d’Universal Music, Lucian Grainge, a pour le moins semé le doute. Il plaide ouvertement pour l’adoption d’un nouveau modèle qui soit plus “artist-centric”, c’est à dire centré sur l’artiste, comme alternative au modèle actuel basé sur une répartition des revenus au pro-rata du nombre d’écoutes¹. “Nous avons besoin d'un modèle qui soutienne tous les artistes... Un modèle innovant, centré sur l'artiste, qui valorise tous les abonnés et récompense la musique qu'ils aiment”, écrit-il, après s’être longuement félicité des nombreux succès remportés par Universal Music en 2022².

Bien que faire le rapprochement soit tentant, Lucian Grainge ne fait à aucun moment référence, dans la suite de sa missive, à une autre alternative au modèle du “pro-rata” pourtant largement plébiscitée : celle du modèle “user-centric” (centré sur l’utilisateur), qui repose sur une répartition directe des revenus de l’abonné aux artistes qu’il a écoutés³. Les avantages et les inconvénients de ce modèle alternatif, qui a fait l’objet de nombreuses études et été adopté par certaines plateformes de niche⁴, sont largement débattus⁵. Universal Music s’y est toujours publiquement opposée ; seule Warner Music, parmi les trois majors de la musique, ayant décidé de l’expérimenter - en participant au programme Fan-Powerded Royalties de Soundcloud⁶.