Pandora, pionnier américain de la radio interactive #3- La bataille du copyright
Dresser un génome de tout le patrimoine musical enregistré, à l’orée des années 2000, a permis à Pandora de lancer la toute première radio interactive sur Internet. Une saga 100 % américaine.
Premier épidose : L'invention du premier génome musical
Deuxième épisode : Un média massivement personnalisé
Aux États-Unis, un service de streaming semi-interactif comme Pandora, qui doit respecter un certain nombre de limitations - le retour en arrière et la répétition d’un titre sont impossibles ; le nombre de sauts pour passer au titre suivant est limité à six par heure ; et il n’est pas possible de n’écouter que la musique d’un seul et même artiste -, relève d’un régime de gestion collective obligatoire des droits de la musique, avec des taux de royalties à reverser aux ayants droit qui sont fixés par le Bureau du copyright américain (la Commission américaine du droit d’auteur).
Quelques mois auparavant, ce Bureau du copyright a revu à la hausse les droits d’exécution publique que Pandora et des services similaires doivent reverser, lesquels doivent plus que doubler d’ici à 2010. Un coup dur pour le service de radio interactive. “J’étais dans le bus quand j’ai reçu le message sur mon smartphone Treo”, raconte Tim Westergren au Washington Post. “J’ai pensé : nous sommes morts. Nous perdons déjà de l’argent. Si cette question n’est pas réglée, nous devrons mettre un terme à nos opérations.”
Le Bureau du copyright américain, qui en révise régulièrement le montant, a décidé que la rémunération de l’écoute d’un enregistrement musical sur une webradio devrait passer de 0,08 cent par chanson et par auditeur en 2006 à 0,19 cent en 2010. Multiplié par les millions de diffusions et les dizaines de milliers d’auditeurs que Pandora dessert, cela signifie que l’entreprise devra payer environ 17 millions de dollars de droits d’exécution publique en 2008, calcule Tim Westergren, sur un chiffre d’affaires de 25 millions de dollars. De quoi remettre en question la perspective, qu’il disait entrevoir, que le service devienne rentable dès 2009.
Tim Westergren vit d’autant plus mal la situation, et une multitude de petits webcasters américains avec lui dont l’existence est menacée, que l’historique des législations mises en place au fur et à mesure que sont apparus de nouveaux modes de diffusion de la musique les dessert particulièrement. Ainsi les radios hertziennes traditionnelles, qui reversent des droits d’exécution publique aux auteurs, compositeurs et éditeurs de musique américains, via leurs sociétés de gestion collective ASCAP, BMI et SESAM, ont obtenu dès l’origine, en vertu de l’argument qu’elles assurent gratuitement la promotion des musiques enregistrées, de ne pas rémunérer les artistes-interprètes et les maisons de disques (contrairement à ce qui se passe en Europe, où les radios leur reversent une rémunération équitable en s’acquittant d’une licence légale).
Ce privilège est aujourd’hui contesté mais reste en vigueur. Les deux radios par satellite américaines XM et Sirius (qui vont fusionner en 2008) n’ont pas obtenu le même avantage, et doivent reverser entre 6 % et 7 % de leur chiffre d’affaires à l’organisme SoundExchange, qui assure une gestion collective des droits des artistes et des maisons de disques sur Internet (pour le webcasting linéaire et semi-interactif), sur le câble et sur le satellite.
Deux milliards d’heures d’écoute
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