Napster ne transforme pas encore l'essai B2B
Avec un chiffre d'affaire en baisse de 20 % à 30 % et un résultat opérationnel qui redevient négatif en 2019, la plateforme de streaming musical ne confirme pas l'embellie de 2018.
Avec un chiffre d’affaires de 106,3 M$ en 2019, contre 143,8 M$ en 2018, la plateforme de streaming musical Napster, propriété de la firme américaine RealNetworks, ne parvient pas encore à transformer l’essai du virage B2B pris il y a trois ans. Realnetworks ne consolidant les comptes de Napster dans son bilan que depuis le 18 janvier 2019, date à laquelle la compagnie a repris le contrôle de la plateforme, les deux chiffres ne recoupent pas exactement la même période, ce qui les rend difficilement comparables.
Mais les résultats publiés par RealNetworks n’en révèlent pas moins qu’au quatrième trimestre 2019, le chiffre d’affaires de Napster a accusé une baisse de 19,7 % sur un an. Napster, qui a pesé l’essentiel des revenus de RealNetworks en 2019 (62 %), a enregistré une perte opérationnelle de 5,4 m$ sur la période du 18 janvier au 31 décembre. Une contre-performance par rapport à 2018. La compagnie, qui était encore indépendante et enchaînait les trimestres bénéficiaires depuis fin 2017, avait posté un bénéfice net de 10 M$ sur l’ensemble de l’année.
Marque blanche
Devenu PDG intérimaire de Napster courant 2017, avant d’être définitivement confirmé à ce poste début 2018, Bill Patrizio – un ancien de Technicolor, Walt Disney et Universal Studio, qui occupait un poste de direction chez RealNetworks – a changé de stratégie et réorienté les objectifs de la compagnie, en positionnant Napster sur le marché B2B des plateformes de streaming en marque blanche, se détournant ainsi de la concurrence frontale avec les grands leaders du secteur. “Nous nous concentrons sur les partenariats avec des entreprises de tous secteurs d’activité », expliquait-il à l’occasion du lancement par iHeartRadio (ex-Clear Channel) de son propre service de radio interactive aux États-Unis, dont Napster fournit toute l’infrastructure en back-office.
En décembre 2018, Napster annonçait un accord similaire avec Sony Music au Japon, en vue du lancement d’un service de streaming musical haute définition, sous le label « Powered by Napster ». Quelques mois auparavant, la compagnie SoundMachine, qui sonorise des points de vente et autres bars et restaurants aux États-Unis, au Canada et en Espagne, a elle aussi adopté la plateforme « Powered by Napster », pour lancer un nouveau service professionnel de sonorisation musicale sur abonnement. Le festival SXSW à Austin (Texas), en mars 2019, était l’occasion pour Napster d’annoncer un autre partenariat avec Univision, premier groupe de radio hispanique aux États-Unis, pour la refonte de son application mobile Uforia, qui donne accès gratuitement au simulcasting de ses 58 stations de radio et à des centaines de playlists de Napster.
Partenariat avec BMW
Bien qu’il ait entraîné une baisse de chiffre d’affaires de 16,5 % sur un an en 2018, ce revirement stratégique semblait bénéfique à Napster, qui enregistrait ses tous premiers bénéfices. Grâce au développement de ses activités B2B de PaaS (Platform as a Service), sa marge brute était passée de 18 % en 2016 à 26 % en 2018, et son résultat opérationnel était redevenu positif.
Malgré les résultats un peu décevant de 2019, Napster poursuit sur sa lancée. En marge de la présentation des résultats de RealNetworks, la plateforme a annoncé la signature d’un accord de partenariat avec le constructeur automobile BMW pour la fourniture du service BMW Music Service en Europe. Il offrira l’accès à un catalogue de musique et de livres audio aux conducteurs de voitures de la marque en Allemagne, France, Italie, Autriche, Suisse, Espagne, ainsi qu’au Royaume Uni et aux Pays-Bas.
Sources :
RealNetworks filing reveals Napster revenues of $106.3m in 2019, via @musically
RealNetworks, Inc. and Subsidiaries Condensed Consolidated Statements of Operations (SEC filing)
RealNetworks, inventeur du streaming et propriétaire de Napster, via @irmactu