Les investisseurs cèdent à la hype des musictech à base d'IA
Du pilotage de campagnes marketing avec Hunurd, à l'extraction de "stems" avec Audioshake, ou à la reconnaissance optique musicale avec eNote, les musictech à base d'IA séduisent les VC.
A chaque saison sa mode, ou plutôt sa hype. Un jour la blockchain. Le lendemain les NFT. Aujourd’hui l’intelligence artificielle (IA). Et les VC (investisseurs en capital risque) cèdent le plus souvent à ses sirènes. En témoignent les récentes levées de fonds des start-up musictech dans le monde, dont le modèle de business s’appuie principalement ou en partie sur l’IA.
IA Marketing
La start up anglaise Hunurd, de marketing musical piloté par les données, vient de réaliser une levée de fond d’amorçage de quelques millions de dollars auprès d’un tour de table conduit par Willard Ahdritz, fondateur de Kobalt Music. Y ont également participé Hazel Savage, fondatrice de Musiio, désormais responsable de l’IA chez Soundcloud, et Johan Ahlström, PDG de Kobalt Capital.
Fondée en 2015 par Alex Brees, ex-analyste des données chez Universal Music, Unhurd utilise ”une technologie exclusive et l'IA pour transformer les données en campagnes de marketing percutantes". La compagnie, qui a lancé son appli l’an dernier, après avoir d’abord levé une première fois 250 000 livres sterling en 2021, a déjà travaillé avec plus de 25 000 artistes de 129 pays, et revendique d’avoir "contribué à générer plus de 10 millions d’écoutes" en 2022.
“Ces outils formidables facilitent la vie des artistes, c’est exactement ce dont nous avons besoin, et je pense que Un:hurd deviendra un partenaire essentiel des artistes indépendants du monde entier", considère Willard Ahdritz.
Reverse engineering
Après une première levée de fonds de 2 millions de dollars réalisée fin 20211, la start-up de “reverse engineering” musical Audioshake vient de boucler un nouveau tour de table de 2,7 millions de dollars auquel a participé Black Squirrel Partners, société d'investissement en capital risque fondée par le groupe de métal Metallica - aux côtés notamment du groupe de business angels afro-américains Black Angel Group ; de l’éditeur indépendant new-yorkais Peer Music ; et de la branche de capital-risque de l’agence artistique Crush Music (Miley Cyrus, Lorde, Sia…).
Créée en 2020 à San Francisco, Audioshake a développé une plateforme qui s’appuie sur l’intelligence artificielle pour permettre aux artistes, ingénieurs du son, producteurs, labels et éditeurs, d’isoler les composantes d’une musique enregistrée (pistes instrumentales, drums, voix) sous formes de stems, lesquels pourront être mis à disposition pour de nouvelles exploitations (karaoké, synchro, mash-ups, audio spatial, réalité virtuelle ou augmentée, jeux vidéos, etc.).
”Alors qu’il existe déjà de nombreuses utilisations des stems aujourd’hui, nous nous dirigeons vers un monde dans lequel ils deviendront encore plus importants, sous-tendant la plupart de nos expériences musicales futures”, considère sa co-fondatrice Jessica Powell, qui a travaillé pour Google et la CISAC (confédération internationale de sociétés d’auteurs-compositeurs.
Audioshake compte déjà parmi ses clients des détenteurs de catalogues musicaux comme Primary Wave, Hipgnosis Song, Spirit, Peermusic, Downtown Music Services, Cherry Red Records, Mute Records, Crush Music, CD Baby et Audiosocket.
Création musicale
Filiale du groupe Caldecott Music basé à Singapour, la start-up BandLab Technologies, qui a développé des outils de création musicale collaborative sur mobile s’appuyant sur l’intelligence artificielle et utilisés par plus de 40 millions d’utilisateurs dans le monde, vient de boucler une levée de fonds de 25 millions de dollars, la troisième de son histoire, qui valorise la compagnie à hauteur de 415 millions de dollars.
Son application mobile, portée récemment sur ordinateur, permet d’accéder à un Mix Editor facilitant la création musicale collaborative dans le cloud à partir d’une banque de boucles et d'échantillons libres de droit, d’un générateur d’idées piloté par intelligence artificielle, d’instruments virtuels, d’effets premium et d’un outil de mastering en ligne.
Ses précédentes levées de fonds, en décembre 2021 et avril 2022, lui ont notamment permis de faire l’acquisition de la plateforme américaine de distribution DIY et de services aux artistes Reverbnation, et de la place de marché Airbit, qui permet à des créateurs de vendre et d'acheter des beats ou boucles musicales2.
Bandlab avait également racheté le logiciel séquenceur Cakewalk à Gibson en 2018, qu’elle met gratuitement à disposition de ses utilisateurs. Sa maison mère Caldecott Music Group est par ailleurs propriétaire du fabricant d’instruments Vista Musical Instruments et du groupe de presse NME Networks, éditeur des publications NME, Uncut et Guitar.com.
Reconnaissance optique musicale
Ces dernières levées de fonds dans les musictech à base d’IA font suite à celle de la start-up berlinoise eNote, annoncé début avril, d’un montant de 10 millions d’euros3. Grâce à sa technologie de reconnaissance optique de l'écriture musicale, eNote met à disposition des musiciens d'orchestre plus de 18 000 partitions interactives. “Nous avons mis au point une technologie d'intelligence artificielle capable de comprendre et de reconstituer le patrimoine musical mondial sous forme numérique”, a indiqué son CTO et co-fondateur Evgueny Mitichkin.
l’appli eNote permet aux musiciens d'ajuster aisément la taille, la mise en page et le style des partitions pour un meilleur confort de lecture ; de passer rapidement d'un mouvement, d'une section ou d'une mesure à l'autre - ou de sautez directement à la bonne mesure grâce à des marqueurs intelligents, et de les transposer automatiquement dans une clé différente. Ils peuvent par ailleurs annoter les partitions sur leur écran. Déjà utilisée par plus de 70 000 musiciens dans le monde, elle intègre en outre plusieurs outils pratiques (métronome, accordage et ajustement de la hauteur de note, enregistrement), et permet d’imprimer les partitions à la volée.
Parmi les autres start-up d’IA musicales financées ces deux dernières années figurent également la compagnie australienne Splash - qui s'appuie sur l'intelligence artificielle et l'apprentissage machine pour gamifier la création musicale dans des environnements de jeux en réseau comme Roblox4 -, l’américaine AiMi - dont l’IA génère des flux de musique électronique personnalisés sous iOS en puisant dans les sons de vrais artistes5 -, ou encore la start-up de musique générative Lifescore, dans laquelle a investi la maison de disques Warner Music6.
avec digitalmusicnews.com, musicbusinessworldwide.com, techcrunch.com,