Les entretiens de @music_zone #5 / Steve Sabatier (ANote Music)
Entretien sur le nouveau marché dématérialisé des droits musicaux, la blockchain, le bénéfice potentiel des NFT pour les artistes. Un plongeon au cœur de la révolution financière que vit la musique.
Retrouvez le “timecode” de l’interview en fin d’article.
Créée en 2018 au Luxembourg, la place de marché électronique ANote Music, financée à hauteur de un million d’euros lors de trois tours de table, permet aux artistes et aux acteurs de l'industrie musicale de lever des fonds en cédant une partie de leurs droits à rémunération sous la forme de titres négociables enregistrés sur une blockchain.
Déjà présente en Italie et en Pologne, ANote Music, qui s’est lancée fin 2021 en France, négocie en amont, sur la base d’un multiple de l’historique des droits générés, la cession des droits à rémunération d'une partie de leur répertoire avec des éditeurs indépendants sur une période donnée. La plateforme offre également une bourse d'échange sur laquelle peuvent se revendre les titres achetés.
En France, l’éditeur indépendant EL Editions (Vianney, Boulevard des airs, June The Girl…) lui a cédé 5% des droits à rémunération de son répertoire pour 60 000 €. Ils ont été vendus à une centaine de souscripteurs. Pour pouvoir être mis aux enchères, un répertoire d’oeuvres musicales doit avoir au minimum trois ans d’existence et générer 10 000 euros de revenus par an. ANote Music prélève entre 10 et 15% des montants levés par les artistes, et 4% des revenus réguliers distribués aux investisseurs.
“Pour tout catalogue musical mis en vente, nous avons conclu des accords juridiquement contraignants avec des organismes de gestion collective, […] afin de garantir que les investisseurs reçoivent les redevances”, précise la compagnie sur son site Web. La start-up se charge de collecter les flux de royalties auprès d’eux, avant de transférer directement les fonds dans le portefeuille des investisseurs.
Depuis le début de cette activité, le rendement des titres émis par ANote Music a été de 7,5 %. La plateforme, qui revendique 10 000 clients, a permis aux acteurs de l’industrie musicale de lever 1 M€ auprès d’eux. ANote Music intervient également comme intermédiaire lors de cessions de catalogue “hors marché”, qui ont porté le montant des transactions effectuées depuis son lancement à 6,5 millions d’euros.
Le timecode de l’interview :
02:21 Le rapprochement entre le monde de la finance et celui des droits musicaux
05:45 Le principe de la place de marché ANote Music
10:04 Des conditions de marché plus que favorables
13:02 Des catalogues éditoriaux qui peuvent être ceux d'artistes indépendants
14:16 Une autre relation entre l'artiste et le fan, qui est intéressé à son succès
15:01 Le positionnement de ANote Music sur le marché de la finance décentralisée
24:12 La méthodologie de valorisation des catalogues
25:37 La relation de ANote Music avec les éditeurs de musique et avec les investisseurs
34:17 Les risques et opportunités liés à la crise pandémique et aux nouvelles exploitations du droit d'auteur
41:58 La relation avec les sociétés de gestion collective comme la Sacem
47:19 Les apports de la technologie de blockchain
49:55 L'accès à l'acquisition de droits musicaux par des particuliers
52:24 Les accointances italiennes et polonaises de la plateforme et son amorçage
4:07 Le planning de développement de la plateforme à l'international et dans les NFT
7:14 La revalorisation des droits des créateurs, les opportunités de financement de la création
01:02:00 Le rôle d'intermédiation d'ANote dans les cessions de catalogues “hors marché”
01:04:34 L'appétence des éditeurs français pour la plateforme, sa volonté de signer en direct avec des artistes détenteurs de leurs droits
01:06:27 Le nouveau rôle que peuvent jouer les NFT dans la relation entre les artistes et les fans
01:11:40 La quadrature du cercle des fans-producteurs résolue
01:12:47 Les enjeux réglementaires autour des NFT
01:17:22 La perception du développement des NFT par les sociétés d'auteurs
01:19:42 Les perspectives d'intégration « on chain » des relations avec les sociétés de gestion