Les "concerts à la maison" de - M -, nouveaux formats de "livestream" nés du confinement
Gabriel Hallé, manager digital de Labo-M, revient sur les expériences de livestreaming du chanteur Matthieu Chédid (- M -), dans le cadre d'une enquête des étudiants de l'IMM sur le live streaming.
Compte-rendu du retour d’expérience de Gabriel Hallé, manager digital de Labo-M, sur les expériences de livestreaming de Matthieu Chédid (- M -) pendant la crise sanitaire, à l’occasion d’un échange avec des professionnels organisé en visio-conférence (partie 1, partie 2) par l’Institut des métiers de la musique (IMM), dans le cadre d’une enquête sur le live streaming réalisée par les étudiants.
Le chanteur français Matthieu Chédid, alias - M -, a multiplié les expériences originales de “concert à la maison” diffusés en direct sur Internet pendant le confinement.
Dès le début de la crise sanitaire en mars 2020, les artistes ont fait montre d’une forme de résilience spontanée sur Internet, en réalisant des live sessions intimistes et régulières diffusées en direct, à l’instar du chanteur français Matthieu Chédid, dit - M -, qui s’est astreint à un rendez-vous hebdomadaire avec ses fans pendant plusieurs mois.
“On n'est pas parti de l'idée de faire un concert traditionnel comme Mathieu a l'habitude d'en faire, avec des musiciens, une scénographie très poussée, des lumières, etc. On est parti de l'idée d'inventer un nouveau format de concert à la maison retransmis sur les réseaux sociaux pour voir ce qu'il pouvait y avoir de fun là dedans”, confie Gabriel Hallé, qui accompagne l’artiste depuis cinq ans dans sa stratégie de marketing digital, au sein de sa structure de production Labo-M.
Concert à la maison
De la récréation poétique de 40 minutes réalisée avec le comédien Pierre Richard, au goûter musical d’une heure concocté pour les enfants avec sa fille Billie, en passant par un “grand petit brunch” de 46 minutes diffusé depuis sa cuisine - qui fut suivi par plus de 400 000 personnes sur Youtube et 1,8 million sur Facebook -, sans oublier les jam sessions avec des musiciens invités, ou un concert intimiste avec Vanessa Paradis, Matthieu Chédid a multiplié les initiatives originales de “concert à la maison” pendant la pandémie.
“Il y a eu pleins d’idées et de concepts qui ont émergées au cours de nos rendez-vous en livestream. La plupart des set-lists ont été élaborés en amont par les fans, via un système de sondage sur le groupe privé “-M- & Nous” [28 000 membres] que j’administre sur Facebook, confie Gabriel Hallé. On a essayé de faire une proposition qui se réinventait à chaque fois. Chaque rendez-vous était un concept et un format différent. On n'a jamais revu la même chose. C'était des expériences. On avait la volonté de tester des choses.”
Au delà de la diffusion en direct, tous les replays des livestreams de - M - ont été postés sur les plateformes disponibles, de Youtube à Instagram en passant par Facebook. “Ce qu'on a beaucoup fait aussi, c'est isoler des extraits de concert pour les reposter sur les réseaux sociaux, ce qui a créé énormément de présence , de contenu, de dynamisme et de réaction”, indique Gabriel Hallé.
“Ce qui fait la beauté de tous ces live sur les réseaux sociaux, c'est qu'ils nous humanisent. On enlève tous nos apparats, on ne maîtrise pas tout, on est face à vous et face à nous-mêmes. C'est très initiatique”, confiait Matthieu Chédid au Parisien en avril dernier. Le retour des fans ne s’est pas fait attendre. “Ça leur a clairement fait du bien. C'est ce que nous avons ressenti avec Matthieu. On a eu des tonnes de retours de gens nous disant que c'était un remède à la déprime, une bulle de bonheur dans un contexte horrible. C'est ce qui a porté le projet”, témoigne Gabriel Hallé.
Nouveaux formats
Reste à tirer tous les enseignements de ces expérimentations, et à imaginer la suite. “Ce que les artistes ont fait sur les réseaux pendant le confinement c'est autre chose [que le concert traditionnel], c'est dans un autre format. [Les deux] peuvent être complémentaires”, retient Gabriel Hallé, qui ne voyait pas l’intérêt de diffuser un concert entier capté dans une salle vide de tout public. La réaction des fans l’a conforté dans son parti pris. Les nouveaux formats de livestream imaginés avec - M - ont eu “un succès hallucinant”. “Ce qui est fun, […] c'est le côté intime, de proximité - on a l'impression d'être chez l'artiste, et lui s'approche de l'écran pour venir te parler et dit ton nom. C'est ce qui fonctionne”, confie t-il.
Pour l’instant, ces prestations ne rapportent rien à l’artiste, sinon en terme de visibilité et d’interaction avec sa communauté de fans. Certaines plateformes émergentes comme Twitch (Amazon), surtout utilisées par des jeunes dans l'univers du jeu vidéo, mais que les artistes de la musique se sont appropriées pendant la crise sanitaire, sont très avancées dans leur réflexion sur l’exploitation de ces nouveaux formats de livestream et sur leur monétisation, via l’abonnement, le paiement à l’acte ou le tipping1.
“On reste attentifs à tous ces changements et surtout au public. On attend d'avoir digéré toutes ces expériences. On se demande si on va faire du live, si on va faire payer ou non. Toutes les réflexions sont ouvertes. On fera de nouvelles expériences, c'est sûr”, conclut Gabriel Hallé.
Version électronique du pourboire ou du “chapeau”. Les fans peuvent par exemple pré-acheter des packs d’étoiles dont ils pourront gratifier les artistes qu’ils apprécient pendant leur prestation.