Dans la timeline de @music_zone #4
La Bourse en pince pour la musique - Les songwriters se sentent laissés pour compte - Le streaming mis en examen en UK - Twitch et les éditeurs US font la paix...
Les marchés financiers font les yeux doux à la musique
D’une valeur de référence de 18,5 € lors de son introduction sur la place boursière Euronext d’Amsterdam le 21 septembre dernier, l’action de la maison de disques Universal Music (UMG) a bondi de près de 40 % dès les premiers échanges de la journée, pour atteindre très vite 25,6 €, soit une capitalisation boursière de 47 milliards d’euros. A la mi-journée vendredi, elle se situait entre 23 € et 24 €, pour une capitalisation de 42,8 milliards, contre 39 milliards lors de l’introduction.
En 2013, Vivendi, alors dirigé par Jean-Bernard Lévy, avait été bien inspiré de refuser une offre de rachat d’Universal Music par le groupe de télécoms japonais Softbank, d’un montant de… 8,5 milliards de dollars. Les perspectives du marché de la musique, qui devait renouer avec la croissance deux ans plus tard, ne sont plus du tout les mêmes aujourd’hui. Et le succès de l’introduction en bourse d’Universal Music à Amsterdam a eu quelques effets de bord à Wall Street.
Sur le Nasdaq, sa consoeur Warner Music (WMG) avait vu son action progresser de 13 % à la mi-journée - atteignant son plus haut niveau depuis son introduction en juin 2020 - et sa capitalisation boursière augmenter de 2 milliards de dollars. Une opportunité que son principal actionnaire, le groupe Access Industries de l’homme d’affaires russo-américain Len Blavatnik, avait anticipé de saisir, cédant le jour-même 2,3 millions d’actions à la banque Morgan Stanley, pour un montant de l’ordre de 105 millions de dollars.
D’un montant initial de 12,7 milliards de dollars lors de son introduction, la capitalisation boursière de Warner Music a atteint 22,8 milliards cette fin de semaine (+ 79,5 %). Même le groupe japonais Sony, dont la filiale Sony Music ne pèse que 7 % du chiffre d’affaires, a vu son action progresser de 3,5 % dans la journée du 21 septembre à New York, quand le New York Stock Exchange ne gagnait que 0,1 %. "C'est un bon signe pour le secteur de la musique, commente le responsable d’une société de conseil en investissement. Lorsque la plus grande société du secteur dans le monde réalise une telle performance le jour de l'ouverture, cela entraîne le reste du marché."
Les songwriters parents pauvres du streaming ?
Les songwriters sont les laissés pour compte du streaming. C’est le leitmotiv de Merk Mercuriadis, ancien manager d’Elton John, Morrissey, Iron Maiden, Beyoncé… et fondateur du véhicule boursier anglais Hipgnosis Songs (SONG), qui a levé plus d’un milliard de livres sterling au London Stock Exchange pour investir massivement dans l’acquisition de répertoires de chansons.
“Cette année sera la plus lucrative jamais vue pour l'industrie de la musique enregistrée, écrit-il dans une lettre ouverte à l’industrie musicale publiée le 21 septembre. […] Pourtant, les auteurs-compositeurs, qui sont en fin de compte responsables de ce succès, ne reçoivent pas leur part juste et équitable. […] Aujourd'hui, le secteur de la musique enregistrée perçoit 4/5e des revenus, fonctionne avec une marge brute de 80 % et une marge nette de 40 % […]. À l'inverse, le secteur de l'édition perçoit 1/5e des revenus”.. Pour Mercuriadius, cette clé de partage héritée de l’ère du CD ne correspond plus à la réalité du marché, le streaming nécessitant moins d’investissement dans la distribution, et de prise de risque de la part des maisons de disques.
Le fonds d’investissement qu’il a créé avec le guitariste Nile Rodgers a tout intérêt à voir la part des revenus du streaming dévolue aux auteurs-compositeurs s’apprécier. Depuis 2018, Hipgnosis Songs a fait l’acquisition de 138 répertoires réunissant les droits d’auteur et d’édition de 64 098 chansons, indique son dernier rapport annuel. Ses actifs, valorisés 1,81 milliard de dollars, sont composés en grande partie de chansons pop et rock à succès et de droits d’auteur de plus de dix ans d’âge.
Paradoxalement, les revenus qu’ils génèrent, en hausse de 40 % sur un an lors de son dernier exercice clos fin mars 2021, dépendent de moins en moins du streaming, dont la part régresse depuis trois ans ; quand celle de la synchronisation ne cesse de progresser, de même que celle des droits perçus sur les ventes physiques. Le numérique ne pèse que 21 % du chiffre d’affaires d’Hipgnosis Songs, indique son rapport annuel 2021. Le spectacle vivant et les lieux sonorisés (28 %), ainsi que les médias radio et TV (37 %), sont ses principales sources de revenus.
Le gouvernement britannique va se pencher sur la régulation du streaming
Le gouvernement britannique a déclaré cette semaine avoir pris note des recommendations de la commission parlementaire DMCS (Digital, Media, Culture, Sport) publiées au mois de juillet dernier, suite aux auditions de l’ensemble des acteurs de la filière musicale menées dans la cadre d’une enquête sur l’économie du streaming. A la suite de quoi, il a décidé de créer un "groupe de contact composé de hauts représentants de l'ensemble de cette industrie" qui se réunira régulièrement au cours de l'année prochaine pour discuter des questions clés soulevées par l'enquête.
Parmi ces questions figure celle de savoir si une rémunération équitable du type de celle de la radio doit être introduite pour le streaming ; si le Royaume-Uni doit introduire des règles de "responsabilité des plateformes" équivalentes à celles récemment fixées par l'Union Européenne pour les plateformes UGC comme YouTube ; ou comment rendre les contrats de l'industrie musicale plus transparents.
Le gouvernement britannique a également suggéré à l’autorité indépendante de régulation de la concurrence - la CMA, ou Competition and Markets Authority, à laquelle il ne peut pas l’imposer - de mener une étude de marché sur la question de la domination du marché par les majors. “Notre rapport a mis en évidence la position inattaquable que ces entreprises ont acquise. Nous avons fourni des preuves de la profonde inquiétude que suscite leur position dominante, qui fausse le marché”, indique un député membre de la commission d’enquête parlementaire.
La régulation de l’économie du streaming reste le principal enjeu de ces investigations. "Le gouvernement reconnaît que la transparence dans le secteur du streaming est un problème et qu'une action dans ce domaine pourrait être très bénéfique pour les artistes. […] Il s'agit d'un problème que le secteur peut et doit chercher à résoudre lui-même", indique t-il dans sa réponse officielle. Son propre rapport sur "Les revenus des créateurs à l'ère numérique", qu'il qualifie d'"étude la plus complète jamais réalisée au Royaume-Uni sur les revenus des créateurs de musique", vient d’être rendu public.
L’enquête de la commission DCMS et l’étude menée sur les revenus des créateurs indépendants “ont fourni un aperçu inestimable de l'environnement du streaming”, estime le gouvernement. “Ils montrent qu'il y a encore du travail à faire pour comprendre les problèmes auxquels les artistes sont confrontés et l'impact que les différentes solutions proposées pourraient avoir sur eux et sur l'ensemble de l'industrie musicale”. Des recherches complémentaires doivent être menées avant qu’il ne puisse décider d’éventuelles mesures législatives à prendre, a t-il indiqué.
Twitch et les éditeurs américains enterrent la hâche de guerre
Après de longs mois de conflits, la plateforme de livestreaming Twitch (propriété d’Amazon) et l'Association américaine des éditeurs de musique (NMPA) sont finalement parvenues à une entente. Les deux parties ont annoncé leur intention de nouer un partenariat pour faire bénéficier les auteurs-compositeurs américains et leurs éditeurs des nouveaux modes de monétisation des livestreams développés par Twitch.
Qu’il s’agisse de parties de jeu vidéo, d’émissions thématiques (cuisine, art, cryptomonnaies…), de sessions live d’artistes ou de sets de DJ diffusés en direct, la musique est souvent présente dans les livestreams de Twitch, qui se réfugiait jusque là derrière son statut d’hébergeur à la responsabilité limitée pour ne pas avoir à négocier de licences en amont avec les ayants droit. Cette posture lui a valu de recevoir des montagnes de signalements de violations de copyright et de demandes de retrait ces derniers mois, et a conduit la plateforme à supprimer d’autorité les contenus de nombreuses chaînes, au grand dam de leurs créateurs.
Si la hâche de guerre semble désormais enterrée entre Twitch et les éditeurs de musique américains, aucun accord de licence n’a encore été négocié entre les deux parties, qui ont simplement mis en place un processus de signalement “plus souple et plus indulgent pour les créateurs qui utilisent de la musique par inadvertance ou de manière fortuite dans leurs flux”, précise Twitch dans un e-mail adressé à ses créateurs ; avant de leur rappeler : “Comme nous l'avons toujours dit, il n'est pas autorisé d'inclure de la musique dans votre chaîne si vous n'avez pas obtenu les droits nécessaires ou si vous n'avez pas l'autorité pour le faire”.
Plusieurs librairies musicales en ligne, comme Pretzel, Audio Jungle, Audio Network ou Epidemic Sound, qui mettent à disposition des créateurs de vidéos un vaste catalogue de musiques d’illustration dont les droits ont été libérés en amont, peuvent constituer une alternative pour certains créateurs, à condition qu’ils renoncent à utiliser des musiques du commerce - et même si leur usage ne met pas toujours à l’abri de déconvenues, comme en témoignait cette semaine le créateur de la chaîne française Nota Bonus sur Youtube.
En bref à l’international
Le marché espagnol de la musique a renoué avec une croissance à deux chiffres. La catastrophe annoncée l’an dernier par Promusicae, le syndicat des producteurs de phonogrammes en Espagne, dans un rapport remis au gouvernement lors de la présentation des chiffres du marché en 2019, n’a heureusement pas eu lieu. Promusicae anticipait une perte sèche de 100 M€ pour le marché de gros espagnol de la musique enregistrée en 2020 en raison de la crise sanitaire, soit une baisse de 33,7 % en valeur. Sa croissance a finalement été de 4,4 % sur l’ensemble de l’année, malgré une chute des ventes physiques de 24,4 %. Et elle s’est accélérée au premier semestre 2021, avec une hausse de 22,3 % du marché de gros à hauteur de 169,2 M€, a annoncé Promusicae cette semaine. ,
Le PDG d’Universal Music Lucian Grainge, que le Covid a bien failli emporter, a perçu 50,3 millions d’euros de salaires et autres émoluments en 2020, calcule Billboard sur la base des informations rendues publiques dans le prospectus publié par Universal Music en amont de son introduction en Bourse. Ces revenus incluent un bonus de 15,5 M€ pour son rôle joué dans le premier rachat de 10 % d’UMG par Tencent. Il a également perçu un salaire annuel de 12,7 M€ et une prime en espèces "conditionnelle" de 8,6 M€ basée sur la réalisation par UMG d'"objectifs financiers et non financiers" non précisés. L'élément le plus important de sa rémunération est son intéressement de 1 % au bénéfice d'UMG avant intérêts, impôts et amortissements, soit 13,3 M€ perçus en 2020. En 2021, l’IPO d’Universal Music devrait lui permettre de toucher un bonus de 170 M€.
Lors d'une interview accordée en marge de l'événement Communacopia organisé par la banque Goldman Sachs, le PDG de Warner Music Steve Cooper a confirmé que les activités de Warner Music Group dans le domaine de la musique enregistrée génèrent actuellement 235 millions de dollars par an de revenus provenant d'"offres alternatives qui créent de nouveaux cas d'utilisation de la musique", en référence aux nouveaux leviers de croissance que constituent les réseaux sociaux comme Tiktok, les applications de fitness connecté ou l’exploitation de la musique dans l’univers du gaming. “Nous pensons que cette intersection entre le jeu, le fitness et les réseaux sociaux générera des revenus substantiels à l'avenir”, a t-il déclaré.
Pour la première fois, les Américains sont plus nombreux à visionner des contenus vidéo en streaming sur Internet qu'à regarder la télévision en direct, révèle un rapport sur la consommation des médias aux Etats-Unis, qui souligne à quel point la génération Z (18 - 24 ans) est à l'origine de la croissance du streaming musical. 63 % des répondants de la génération Z ont déclaré écouter quotidiennement de la musique en streaming, indique t-il. 56 % des personnes de cette même catégorie déclarent n'avoir jamais écouté de livre audio. Et 44 % disent n'avoir jamais écouté un seul podcast. Environ 22 % des personnes interrogées de la génération Z ont déclaré écouter la radio quotidiennement.
Les autres headlines sélectionnées par @music_zone
Warner Music-Backed Dapper Labs Completes $250 Million Funding Round
Fairness in Question: Do Music Recommendation Algorithms Value Diversity?
$117m fund launches in Europe to buy catalogs of local legends
Free streaming royalty calculator estimates what any artist earns
Social platform Riff secures $4m investment from EMPIRE, Top Dawg Entertainment and Quality Control
Gaana narrows losses, but its revenue growth has slowed down
In India's Price-Sensitive Market, Will Customers Finally Pay For Streaming?
Audio analysis startup Musicube plans US expansion after funding
ABBA’s Agnetha Fältskog joins $6m funding round for AI-powered record label Snafu Records
Mandolin acquires NoonChorus as music livestream consolidation continues
TikTok owner ByteDance readies new music streaming app in China
Songtradr enters wellness space, partners with music for wellbeing label Myndstream
Spotify cracks down on stream-rippers using Audials software
Believe launches its own smart-links tool powered by Soundsgood
Music Veterans Join Glozal The First NFT Music Player and Marketplace Platform