Croissance du marché anglais de la musique et bénéfices de Tencent Music, derniers marqueurs d'un monde révolu
La croissance soutenue du marché anglais de la musique en 2019 et le résultat net de Tencent Music sont les derniers marqueurs d'une monde révolu, qui n’auront peut-être plus aucun sens demain.
Quelle lecture peut-on avoir aujourd’hui des résultats financiers annuels publiés par le groupe chinois Tencent Music, ou des chiffres du marché anglais de la musique enregistrée en 2019, rendus publics cette semaine par la BPI (British Phonographic Industry) ?
Tencent Music, numéro un du streaming musical en Chine, a vu ses revenus croître de 34 % en 2019, son résultat opérationnel de 126,7 %, et son bénéfice net de 117,2 %. Au cours du dernier trimestre de l‘année, le nombre de ses abonnés était en hausse de 47,8 % sur un an, son ARPU (revenu moyen par utilisateur) de 8,1 %, les revenus de l’abonnement de 60 %, et son chiffre d’affaites de 35,1 %. En temps normal, on se serait demandé pourquoi Tencent Music fait des bénéfices et pas Spotify, ou pourquoi son ARPU augmente quand celui de Spotify ne cesse de baisser.
Une autre question vient à l’esprit aujourd’hui. Quel sera l’impact de la crise du coronavirus sur les résultats de Tencent Music au premier trimestre de son exercice fiscal 2020 ? Difficile à dire, d’autant que les mesures de confinement sont susceptibles de bénéficier à l’ensemble des services de divertissement accessibles en ligne, et plus globalement à l’industrie du streaming. Pas de quoi en faire une valeur refuge sur les marchés financiers, cependant.
Au début de la crise, le 17 janvier 2020, l’action de Tencent Music à la Bourse de New York était en train de repartir nettement à la hausse, autour de 14 dollars, avant de connaître la même correction que les autres, et de perdre près de 30 % de sa valeur. Elle cotait en dessous de 10 dollars à l’ouverture du NYSE aujourd’hui. Mais les traders, les hedge funds et les investisseurs institutionnels liquident un maximum de positions dans l’affolement général, et tout le monde paie les pots cassés.
Outre-Manche, les chiffres du marché de la musique enregistrée publiés cette semaine par la BPI sont les meilleurs depuis dix ans. Le chiffre d’affaires brut des labels et maisons de disques a progressé pour la cinquième année consécutive en 2019, de 7,3 %, atteignant près de 1,1 Md£ (1,2 Md€). Le streaming (+ 21, 8 %) est le principal moteur de cette croissance, et compense le déclin continu du téléchargement (- 28,7 %) et des ventes physiques (- 10,4 %).
Partout dans le monde, le marché de la musique enregistrés a connu une croissance soutenue en 2019, en France, en Allemagne, en Espagne, aux Etats-Unis… Mais comme les résultats financiers de Tencent Music sur la période, ou ceux tout aussi mirifiques de Live Nation, ce sont là les derniers marqueurs d’un monde révolu, qui n’auront peut-être plus aucun sens demain. Et qui n’en ont déjà peut-être plus aucun aujourd’hui.